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Anthropologie de l’homme mondialisé – Christoph Wulf

Le corps humain est au centre de l’Anthropologie de l’homme mondialisé (CNRS Éditions, 2013). Le corps, résultat d’une série de processus mimétiques, symbolise la société, la culture et l’époque. Christoph Wulf étudie le rôle du corps dans l’exécution des rituels, des gestes, des actes de langage et d’imagination. Il éclaire ainsi de manière nouvelle la façon dont la culture est produite, transmise et transformée.

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Introduction

Les processus mimétiques et performatifs interviennent dans la mise en scène et la représentation des rituels. Le rôle des rituels, longtemps négligé, est crucial, notamment lorsqu’il y a passage de de pouvoir dans une institution, quand l’ordre doit être rétabli, la violence canalisée, bref pour tout ce qui concerne la cohésion sociale. Les rituels permettent l’articulation des différences et assurent la continuité temporelle. (…) Pour utiliser une métaphore, ils représentent les « fenêtres » qui nous permettent de jeter un coup d’oeil à l’intérieur des structures sociétales et culturelles p. 20.

De même que le langage, l’imagination joue un rôle central dans la production de la culture et de la société. Elle crée des images dont le corps humain est la source. Si l’on veut comprendre le corps dans ses formes historiques et culturelles, il suffit d’examiner les images collectives et individuelles que crée l’être humain p. 21.

L’étude berlinoise sur les rituels et les gestes

Dans une étude ethnographique qui a duré douze ans (…), nous avons travaillé sur le rôle des rituels et de la ritualisation (…). Ce projet ethnographique a donné des résultats fructueux (…) pp. 152-164

Les rituels et la ritualisation  ont un rôle central à jouer dans l’éducation, la formation et la socialisation des enfants. (…)  Les rituels constituent la mémoire sociale des communautés, ils mettent au présent des événements passés et en font la base de l’action future.

La performativité des pratiques pédagogiques. En pointant le caractère performatif des pratiques éducatives et sociales, on insiste sur l’importance du corps. (…) La mise en avant du performatif implique une conception des sciences de l’éducation comme sciences de l’action et donc un intérêt pour la naissance d’un savoir pratique comme condition même de l’action pédagogique.

L’apprentissage mimétique comme apprentissage culturel. (…) Enfants et adolescents acquièrent ainsi un savoir pratique qui les rend capables d’apprendre, d’agir et de vivre.

L’éducation et la formation comme tâche interculturelle. En Europe, l’éducation et la formation constituent aujourd’hui plus que jamais une tâche qui reste à accomplir.

Les gestes en éducation. Il a été prouvé que les gestes jouent un rôle important dans l’éducation des enfants et dans leur socialisation.  (…) Les gestes sont performatifs et fréquemment utilisés dans des rites et des activités rituelles.

La diversité des méthodes dans les recherches sur les rituels. Avec cette étude de cas ethnographique, polyvalente, j’ai voulu montrer le rôle des rituels dans l’éducation.

Le corps comme défi

Après la fin de la période des anthropologies normatives, le corps constitue aujourd’hui l’objet central de la recherche anthropologique. Celle-ci doit affronter la difficulté suivante : on ne peut avoir un accès direct au corps humain, mais seulement à travers une variété de modes différents. (…) Le spectre de différentes perspectives développées est étendu et il montre à quel point la diffusion socioculturelle des images du corps est liée au pouvoir, à l’économie et à la bio-politique p. 165.

Aussi différenciée que soit la conception du cerveau sous de très nombreux aspects, il n’en reste pas moins que la recherche tombe souvent dans le piège de réduire la complexité du corps humain au cerveau uniquement p. 171.

Le corps au coeur de la recherche en anthropologie p. 176.

Image et imagination

Les images constituent, avec le langage, un centre de gravité de la recherche en anthropologie et dans les sciences des cultures. (…) les images extérieures renvoient aux images intérieures (…) Hans Belting (…) décrit le corps comme un « lieu d’images » et il en déduit que le corps « est livré » aux images qu’il produit lui-même, même s’il tente sans cesse de les maîtriser pp. 249-250.

Contrairement aux images filmiques ou télévisuelles, les images digitales ont une matrice qui n’est plus une image. Leur caractère d’image pose problème autant que leur caractère de médium. (…). Dans une image de synthèse, le lien traditionnel entre image, sujet et objet est rompu. (…). Les images de synthèse donnent au spectateur une double illusion : celle de l’image et celle du mouvement. (…) Les images peuvent tromper, manipuler et enfermer dans la prison de l’imaginaire. (…) Les images simulent le monde et deviennent des simulacres dont l’emprise s’exerce sur les être humains. Quelles sont les effets de la reproduction et de l’accélération des images de ces nouveaux flux ? pp. 254-255.

Christoph Wulf conclut en soulignant l’émergence d’une anthropologie à la fois pluraliste et plus complexe. Cette anthropologie rime avec transdisciplinarité.

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