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Complémentaires opposés unis par le tai chi

Tai chi - complémentaires - Style Chen - Eric Caulier

 Yin et yang : les opposés complémentaires

Le symbole tai chi, c’est-à-dire le symbole yin/yang, représente l’union des opposés complémentaires. Au-delà des formes, styles et grades, le tai chi chuan constitue une formidable méthode. Celle-ci  permet de découvrir, de vivre et d’assimiler le mode de fonctionnement des choses.  Comment comprendre et surtout comment appliquer cette notion d’union des complémentaires opposés dans la pratique ? La notion de tao tout autant que les premiers rudiments techniques nous le montrent. Il s’agit en fait de ré-apprendre à nous tenir debout et à marcher de façon consciente et autonome. Emprunter ainsi le chemin intérieur menant à la découverte de notre humanité peut nous amener à une meilleure utilisation de nos ressources. Redevenir acteur de notre vie, c’est d’abord refuser de vivre par procuration. C’est avoir la force de dire non à tous les conditionnements qui nous asservissent.

Impasses

En tai chi chuan, comme dans les labyrinthes, tous les chemins ne mènent pas au centre. Beaucoup sont des impasses qui ne mènent nulle part. Prendre conscience de ce qu’est réellement le tai chi (union des complémentaires opposés), c’est aussi prendre conscience de ce qu’il n’est pas essentiellement. La mise au pinacle de « sages » de pacotille et la production d’une pléthore de films exhibant des acrobates brouillent sérieusement les pistes. Il en est de même de la championnisation/marchandisation relayées par un marketing démagogique.

Tout phénomène finit par engendrer son contraire

La société du spectacle dissimule ce qu’il faut montrer et montre ce qu’il faudrait dissimuler. Elle induit une uniformisation des modes de pensée et des comportements. L’événementiel démentiel fascine et hypnotise. Si nous n’y prenons garde, l’ambiguïté postmoderne où tout se vaut nous fait entrer chaque jour un peu plus dans l’ère de la liberté sans choix. Les activités de nombre d’humains, plutôt que de les faire, les défont. Ces phénomènes parfaitement « naturels » s’éclairent à la lumière du symbole taiji (union des complémentaires opposés). En effet les excès d’information et d’action engendrent leurs corollaires : la désinformation et l’agitation stupide.

 

Changer de niveau

Un système autopoiétique (du grec autos soi et poien produire) se distingue de son environnement en produisant lui-même son identité. Notre école, fidèle à l’idéal néoconfucéen,  prône aussi bien les valeurs confucéennes – chères au Professeur Men Hui Feng – que le non agir taoïste. En s’ouvrant à l’altérité et en l’accueillant, nous découvrons notre identité.

Plutôt que de s’engager dans des combats stériles, épuisants et inutiles, nous appliquons les enseignements de l’alchimie intérieure (neidan). Nous essayons de résoudre les contradictions en les englobant dans une réalité qui les dépassent. Rendre les opposés complémentaires exige cependant un changement de niveau.

Nous expérimentons les correspondances entre recherche d’axe et quête de droiture, entre amplitude des mouvements thoraciques et ouverture du coeur, entre étirement de la colonne et élévation du niveau de conscience.

Le peintre traditionnel chinois, lorsqu’il peint le symbole tai chi, recouvre toute la surface du cercle avec de la peinture noire (yin), le blanc (yang) est ensuite ajouté en superposition. Lorsque le mouvement est initié par le bas du corps et nourri de l’intérieur, nous entrons réellement dans le tai chi chuan, l’art qui réalise l’union des complémentaires.

Édito revu Espace Taij n° 60

Crédit photo : Almereca