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Le corps taoïste (Fayard Coll. L’espace intérieur, 1997)- Kristofer Schipper

L’idéal taoïste de Longue vie est animé d’une étonnante capacité de survivre. Ces trente dernières années, il renaît en Chine, tout autant qu’il conquiert l’Occident. Au début des années quatre-vingt, lorsque Kristofer Schipper s’exerçait au tai chi chuan en solitaire dans les jardins du Luxembourg, les curieux s’arrêtaient. Lorsqu’il parlait du qigong, personne ne connaissait cette pratique. La première édition du livre Le corps taoïste est parue en 1982.

Le corps taoïste - Kristofer Schipper

Le taoïsme

Corps physique, corps cosmique, corps social des « amis dans le Tao » : la formule est celle par laquelle, aujourd’hui encore, les Maîtres taoïstes s’adressent les uns aux autres p. 13.

Principe à la fois transcendant et immanent de l’univers, le Tao est innommable, ineffable et pourtant présent en toute chose p. 15.

La priorité du corps humain sur les systèmes sociaux et culturels se traduit par la prédominance du monde intérieur sur le monde extérieur et par le refus de chercher l’absolu dans la pensée. Le point de départ reste concret, voire physique, tout en étant universel et quotidien p. 16.

Le chamanisme chinois a survécu jusqu’à nos jours à titre de parent pauvre de la religion (…). C’est le substrat de tout le système des pratiques et des croyances du taoïsme (…). À toutes les époques, le taoïsme se définit d’abord par rapport à lui p. 18.

Les livres taoïstes sont exclus lors de la constitution des grandes bibliothèques impériales (…). Le Canon taoïste, oublié, ne survit qu’en un seul exemplaire complet au début de ce siècle p. 31.

La religion chinoise, comme notre religion antique, a pour ainsi dire cessé d’exister, et le monde n’en a rien su p. 32.

La puissance spirituelle

La force qui fait les dieux est inhérente à chaque être. La transcendance n’est pas le fait d’un esprit séparé de la matière, une force allogène et donnée au monde, mais une spiritualisation de la matière-énergie (k’i) même. La cosmologie nous a appris qu’il n’y a rien qui ne soit « matière » et que cette matière n’est pas distinguée de sa substance, de son énergie ou « souffle » p. 59.

S’il existe, à la naissance de l’univers, une diversification des énergies (les plus subtiles s’élevant pour former le Ciel, les plus lourdes constituant la Terre, etc.), cet ensemble composé n’est pas immuable, mais en changement constant p. 59.

(…) tout le corps participant à une action cyclique prolongée et répétée se transmute en se purifiant p. 59.

Pour l’être humain, une vie normale, sereine et régulière est facteur d’accumulation de puissance spirituelle p. 60.

Par sa complexité même, le corps de l’être humain est éminemment capable de se charger en énergie et de se transmuter. (…) il possède de très nombreux points de corrélation avec l’univers qui l’entoure et peut être mis en correspondance avec de nombreux cycles spatio-temporels. Et il lui est loisible, non seulement de conserver ce corps grâce à la religion quotidienne, mais d’oeuvrer à son perfectionnement par une action consciente et pertinente. Ainsi il peut non seulement mieux se porter, mais rayonner l’énergie, c’est-à-dire devenir transcendant p. 60.

La culture de soi conduit vers l’intégration totale de la personne à l’environnement naturel et cosmique et, de là, par mouvements répétés et cycliques, à la spontanéité du Tao p. 60.

La pratique de la calligraphie fournit un exemple classique. (…) Par un entraînement quotidien et des gestes mille fois répétés, reprenant indéfiniment la même discipline selon une procédure rituelle, on obtient, à la longue, cette maîtrise qui permet de créer, sans effort apparent, des formes parfaites. C’est la nature retrouvée, la création spontanée, le secret volé au Tao. La calligraphie parfaite incorpore si bien les forces cosmiques qu’elle est chargée de puissance spirituelle : un maître de l’art, ayant merveilleusement rendu le caractère « cigogne », voit le signe se transformer en oiseau vivant qui déploie ses ailes et s’envole …
La grande force vitale et créatrice des être vivants exceptionnels – animaux, hommes ou démons – captée, récupérée et dirigée vers le bien, c’est-à-dire dans le sens de la vie, continuera son accroissement à l’infini p. 61.

Le pays intérieur

« Le corps de l’homme est à l’image d’un pays » disent les taoïstes p. 137.

« Le corps humain est l’image d’un pays » implique une relation qui va au-delà de la métaphore ou du modèle cosmologique. En mettant l’accent sur le pays, elle rappelle les liens qui unissent l’homme à son environnement p. 138

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