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Qi – souffle, énergie – en tai chi chuan : quelques réflexions

qi en tai chi chuan

Nécessité du travail externe

Qi : un facteur déterminant dans les arts internes chinois. Son importance ne doit cependant pas être surévaluée. En effet, sans un minimum de travail externe, le travail interne est inutile et inopérant. Le travail interne ajuste les mouvements du corps entier avec ceux de la respiration, de l’intention et du souffle. La force interne résulte ainsi de la coordination et de l’intégration de multiples forces. Encore faut-il avoir des forces à coordonner !

Diverses sortes de qi

La notion de « qi » traverse donc tous les pans de la culture chinoise. On la retrouve de la philosophie à la médecine en passant par la calligraphie. Le qi, dans le contexte des arts martiaux internes, recouvre néanmoins diverses significations. Je vais en évoquer brièvement trois :

  •  énergie vitale
  • efficience biomécanique
  • « réponse à toutes les questions ».

Force animatrice de l’univers

Les conceptions métaphysiques et médicales chinoises reposent sur des conceptions et des visions du monde bien différentes des nôtres. Nos distinctions classiques corps/esprit, matière/énergie sont inappropriées. À la fois matière et énergie, le qi est une force psycho-physiologique en relation avec le sang et la respiration. Notons également que la fonction respiratoire, dans ce contexte, ne se limite pas aux poumons et à la peau. Elle concerne l’être humain dans sa totalité. Nous trouvons ainsi quelques résonances occidentales du côté du vitalisme ou de la mécanique quantique qui a montré que le photon est à la fois onde et particule. Les mouvements des arts internes sont conçus pour maximiser la circulation de cette force animatrice de l’univers.

Efficience biomécanique

L’alignement, la compréhension des lignes de force de ses propres postures et de celles du partenaire, l’usage du corps comme unité intégrée mobilisée à partir du centre, permettent de générer une très grande force avec le minimum d’effort. Le travail intérieur/nei gong, les mains collantes et les applications visent à acquérir cette maîtrise de l’énergie d’ordre biomécanique. Brian Kennedy note que, dans le modèle de l’énergie vitale, le qi est vu comme une chose séparée se mouvant comme un fluide à l’intérieur du corps. Dans le modèle biomécanique, par contre, le qi n’apparaît pas comme une « substance mystérieuse » séparée mais plutôt comme un « état d’être ».

Terme générique : avantages et limites

Le mot « qi », terme générique, possède les inconvénients de ses avantages : englobant, il est flou ; multidimensionnel, il prête à confusion. À coup sûr, et beaucoup ne s’en privent pas, il permet de (ne pas) répondre à toutes les questions. Attitude parfois justifiée avec les débutants qui n’ont pas suffisamment d’expérience pour percevoir les divers paramètres, les multiples nuances. Malheureusement, dans nombre de cas, le qi sert à masquer l’ignorance ou à maintenir la théorie des arts internes dans une ère pré scientifique. Cette ère est caractérisée par l’incapacité de mettre en évidence et en relation/équation, de qualifier, de quantifier, de modéliser les divers facteurs constitutifs.

Dans mon approche non exclusive, la recherche d’efficience biomécanique couplée à un questionnement continuel sur les processus mis en oeuvre participe à amplifier le flux du qi.

 Édito revu Espace Taiji n° 89 (2ème partie)

Crédit photo : Almereca