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Tai chi chuan : à la recherche de l’unité perdue

Tai Chi - Style Chen - unité - Tirer - Eric Caulier

Perte d’unité

L’individu est de plus en plus coupé de son origine. Il vit dans la nostalgie d’une unité perdue. L’être humain est de moins en moins être et de moins en moins humain. Il est de plus en plus souvent objet et bête, voire même bête objet soumis à l’emprise du cloisonnement et au diktat de la quantification. Dans un monde  dominé par l’unique loi du marché, toute personne devient achetable, remplaçable et jetable. Lorsque, dans notre quête éperdue d’unité, nous nous révoltons, nous risquons de devenir la proie de tous les totalitarismes.

Retour à soi

Le tai chi chuan – comme d’autres enseignements anciens – s’il est vécu dans sa dimension traditionnelle et non abordé comme un sport ou considéré comme une distraction nous indique le chemin du retour : du retour à soi, à sa source, à son essence, à son centre … à son unité. Parcourir le chemin qui mène de la multiplicité à l’unité réclame un certain retournement et provoque dérangement et bouleversement.

La pratique du tai chi chuan ne consiste pas à répéter une multitude de gestes creux, mais au contraire à creuser indéfiniment les gestes et postures essentiels afin de les charger de vécu, de sensations, d’images, d’intentionnalité pour qu’un jour ils s’animent et deviennent vivants, qu’ils prennent et donnent du sens (une direction, un ressenti, une signifiance).

 

Corps – souffle – conscience

Nous commençons par travailler la matière (le corps, la structure, la posture, le mouvement) : c’est le stade de la biomécanique.
Ensuite, nous nous attachons à la dynamique intérieure : le souffle, l’énergie, le subtil. Nous tentons de perçevoir ce qui n’est pas suffisamment visible pour que tout le monde le voie et pas suffisamment invisible pour que personne ne le voie. Lorsque nous y mettons du cœur, le mouvement s’anime de l’intérieur.  Nous entrons dans le monde de « l’âme ».
Plus le mouvement est nourri et ressenti intérieurement, plus il se densifie. Cette densification conduit au passage du sensible à l’intelligible : nous pénétrons alors dans le vaste domaine de la conscience. Nous entrons en contact avec notre potentiel de création, nous pouvons alors accomplir l’inaccompli en nous (actualiser nos potentialités).

Conscient et libre

Les formes du tai chi chuan ne sont que des moyens de redécouvrir et d’habiter des lieux du corps, des voies d’accès à notre être profond. C’est une manière de retrouver notre unité perdue afin de renouer avec nos plus profondes aspirations : être conscient, responsable et libre.

 

Édito revu Espace Taiji n° 57

Crédit photo : Almereca