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Le design d’expérience

Le design d’expérience apporte une réponse efficace aux nouveaux besoins, tels que la demande de relations authentiques, de développements responsables et durables, de possibilités de partage, d’accomplissement de soi. Ce raisonnement de conception, fondé sur l’expérience immersive et transformationnelle, permet la création d’objets et de services de nouvelle génération. Géraldine Hatchuel est pionnière en design d’expérience, elle a créé le premier cours en France 4ème de couverture.

Extrait pp. 33-39

Cette nouvelle conception de l’expérience (…) réunit en fait deux visions théoriques : celle de la création, venue des arts du spectacle, des arts vivants, et celle de la conception venue de l’industrie (…)

Le design d’expérience n’est pas le premier à introduire la narration et la scénarisation comme des artefacts de design. Mais il revisite fondamentalement ces derniers en les mettant au service d’une réflexion qui s’incarne dans le corps et dans toutes les dimensions sensibles de l’expérience.

Le modèle du voyage initiatique. Dans la tradition antique, le voyage est d’abord la révélation d’un mystère. Comme dans Ulysse ou Candide, le vécu est une suite d’épreuves, avec des effets d’apprentissage, de réflexivité et d’acquisition de compétences. Il est au service d’une initiation possible, mais qui reste propre à chaque voyageur.

L’épreuve de l’authenticité. Quand donc ressentons-nous soudain le sentiment que ce qui nous arrive semble plus « réel » que notre réalité habituelle ? Selon le designer Ian Coxon, il existe deux types d’expériences bien distinctes.

  • une expérience authentique, qui est nécessairement dans la corporéité, dans l’incarnation, dans une présence consciente de soi et de son propre corps, attentif et disponible.
  • une expérience inauthentique, qui est machinale, non conscientisée, téléguidée, avec un degré de présence qui est bas.

Nous pouvons donc retenir trois notions fondamentales associées à l’expérience authentique, que certains appellent aussi blowing experience pour marquer la force de son impact sur le soi :

  • la présence, et la conscience accrue du corps. On ne peut pas vivre une expérience en l’observant, on ne peut pas être en périphérie de son propre vécu ;
  • l’unité, c’est-à-dire la reconstruction de l’expérience comme une entité unique qui malgré ses événements internes est reconnue et peut être nommée ;
  • la mémoire, la capacité d’une tranche de vie à faire partie de nos souvenirs sélectifs, à laquelle on pense en se remettant dans la peau du « moi » passé.

En intégrant les disciplines et imaginaires des arts vivants, ainsi que celle du voyage initiatique ou philosophique, les nouvelles industries se projettent résolument dans le monde contemporain. Elles ne sont plus seulement dépendantes du paradigme de la consommation, mais s’enrichissent de l’héritage émotionnel et réflexif du voyage initiatique.

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