Eric Caulier

La danse de la vie – Temps culturel, temps vécu

La danse de la vie est une exploration des « dimensions cachées » du temps. L’anthropologue Edward T. Hall nous montre diverses manières de vivre le temps selon les cultures. Certaines privilégient le temps linéaire des agendas, horaires, rendez-vous. D’autres préfèrent un temps pluridimensionnel leur permettant d’agencer simultanément plusieurs activités.

Introduction

Le temps est un système fondamental de la vie culturelle, sociale et personnelle des individus p. 11.

Il existe un niveau de culture sous-jacent, caché, et très structuré, un ensemble de règles de comportement et de pensée non dites, implicites, qui contrôlent tout ce que nous faisons. Cette grammaire culturelle cachée détermine la manière dont les individus perçoivent leur environnement, définissent leurs valeurs, et établissent leur cadence et leurs rythmes fondamentaux p. 14.

Les différents types de temps

L’erreur la plus grave, concernant le temps, est de le considérer comme une réalité simple. Loin d’être une constante immuable comme le supposait Newton, le temps est un agrégat de concepts, de phénomènes et de rythmes recouvrant une très large réalité p. 23.

On distingue habituellement les temps sacré, profane, métaphysique, physique, biologique, et le temps des horloges, mais nous ne savons pratiquement rien sur la manière dont ils s’organisent pour former un ensemble cohérent, ni comment chaque type de temps influe sur notre vie p. 25.

Le « micro-temps » est le système temporel propre au niveau de culture primaire dont il constitue un produit. Ses règles sont presque toutes appliquées sans que les individus en aient conscience. Il est spécifique à une culture (…) La synchronie est une découverte encore plus récente que celle du micro-temps (…) des analyses de films image par image, montrant des relations interindividuelles dans la vie courante, ont révélé comment, au cours de ces relations, les individus synchronisent leurs mouvements de manière tout-à-fait étonnante. (…) Aux États-Unis, chaque ville, grande ou petite, a son propre rythme. Chaque culture aussi a son propre rythme p. 36.

Les peuples modernes (…) ont quelques difficultés à comprendre le temps sacré ou temps mythique, parce qu’il est imaginaire, englobant (on est à l’intérieur de ce temps). Ce type de temps est réversible et susceptible de se répéter (…) p. 37.

L’Est et l’Ouest

Aux États-Unis, les individus cherchent nécessairement à attirer l’attention sur eux (…) Nos idoles sont des personnalités. Au Japon (…) la discrétion, et le souci d’éviter d’attirer l’attention (…) Aux États-Unis, nous rivalisons de mots, c’est à qui sera le plus malin. Au Japon, les gens synchronisent leur respiration pp. 127-128.

La danse de la vie

Tous les sportifs le savent : après la force et l’endurance, le rythme contribue largement à leur réussite. Les champions sont ceux qui « ont le rythme » (…) plus extraordinaire encore : cet homme qui dépassait tout le monde ne paraissait pas aller très vite p. 194.

George Bernard Shaw (…) a saisi ce type de phénomène (…) il y raconte l’histoire d’un collégien qui pratiquait la boxe et battit ses camarades les plus forts en utilisant simplement son rythme – sans fournir d’effort. Il devint ainsi un champion de boxe, puis un honorable membre du  Parlement, en lançant, à des moments particulièrement bien choisis, des attaques au cours des débats parlementaires pp. 194-195. Georges Léonard rapporte le cas encore plus extraordinaire de l’incroyable performance d’un ami qui essayait d’obtenir sa ceinture noire en aïkido. Il écrit à ce propos : « Ses mouvement étaient si doux et si harmonieux qu’ils semblaient s’emparer du temps lui-même et le faire aller à une allure plus tranquille (… ) Il est paradoxal que la vitesse, qui dans des circonstances ordinaires ne pourrait être contrôlée, semble diminuer et devenir maîtrisable quand un rythme adéquat est établi (…) la tension, ou l’effort est le pire ennemi du rythme. (…) La clé est ici le rythme que des individus ont établi en eux p. 195.

Entraînement

Entraînement est le terme choisi par William Condon pour désigner le processus qui se produit quand deux ou plusieurs individus s’engagent dans une relation mutuelle par l’intermédiaire de leurs rythmes et que ce ces rythmes se synchronisent (…) c’est probablement l’un des éléments essentiels qui contribuent à la survie de notre espèce p. 205.

Tous les rythmes humains ont leur origine au sein du soi des individus : ils sont d’abord des processus de synchronie interne p. 209

Dans d’autres circonstances, j’ai perçu dans mon propre corps des sensations qui étaient aussi présentes dans le corps de quelqu’un d’autre. La seule explication que je puisse donner est qu’il existe une forme de synchronie à un niveau inconscient qui transcende l’espace et parfois le temps. (…) La synchronicité dont parle Carl Jung n’est qu’un pas de plus sur le même chemin p. 223.

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