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Comprendre le tao – Isabelle Robinet

Comprendre le tao : Isabelle Robinet (Albin Michel, 2002) nous emmène aux origines de la pensée taoïste. Elle la rend accessible via quelques-uns de ses textes majeurs. L’auteure met en évidence la capacité d’intégration du taoïsme. Celui-ci s’est formé en incorporant différents courants puisés au fonds ancien de la Chine. La voie du tao privilégie l’harmonie avec la nature, encourage la liberté. Cette voie propose, en outre, des pratiques pour découvrir la source de vie qui imprègne toute chose.

Comprendre le tao - Isabelle Robinet

Introduction

La pensée taoïste, en effet, rejoint les Grecs sur certains points, surtout les présocratiques, ainsi que les grands mystiques, mais aussi de façon frappante les philosophes modernes (…) par son pluralisme, (…) son unidualisme (…). La vogue actuelle des arts martiaux et des techniques corporelles comme le Taiji quan ou le Qigong est un facteur de plus pour renforcer l’intérêt que l’Occident porte au taoïsme p. 8.
Avec le temps, des synthèses se sont faites entre les diverses tendances pour former un tout harmonieux. Mais le taoïsme est toujours resté assez vivant pour évoluer constamment en de multiples facettes (…), il a cependant toujours su construire et maintenir son identité. Il n’y eut jamais de systématisation ni de dogme central p. 9.

Comprendre le tao

(…) le mot dao signifie au premier chef « voie, méthode », guide de comportement. Lao zi (ou le Daode jing) en fait le fondement et le Tout du monde (…). Rappelons qu’il renvoie en outre dans le taoïsme à une expérience née de la méditation d’une « présence intime » p. 75.

La cosmologie est une dimension fondamentale de la pensée chinoise p 135.

Ce monde n’est pas celui de la science, mais un monde conçu comme un organisme vivant, ce qui rend compte de son uni-totalité. C’est un tout  organique et harmonieux dans lequel l’homme doit s’intégrer psycho-biologiquement, de façon à atteindre à une harmonie entre son propre organisme (corps et esprit), perçu de l’intérieur, vécu dans la vie quotidienne, et la structure et le mouvement du monde p. 136.

Cette insertion docile lui vaut de se prolonger dans la vie de l’univers sous la forme d’un médiateur conscient, de se mettre en coïncidence (…) p. 137.

Le Sage, l’immortel

Le terme xian, traduit ici par « immortels », peut s’écrire de deux façons. L’une représente un homme et une montagne, l’autre un homme qui danse ou qui s’envole en agitant ses manches. Les deux graphies rendent compte de deux caractéristiques importantes de l’immortel taoïste : l’ermite des montagnes, et le personnage fugace qui disparaît et s’envole dans les cieux (…) p. 169.

L’adepte fait monter l’énergie vitale-yang, le feu qui est dans les reins, et descendre ce qui est en haut, comme descend la salive, eau d’en haut, pour les unir au Centre p. 176.

Épouser le cours naturel des choses

Une bonne partie la réflexion taoïste (…) porte sur le rapport entre l’un et l’autre, sur l’espace relationnel ou le point limite qui assure l’articulation de l’un à l’autre p. 277.

C’est « l’essence très fiable » que Lao zi place dans le Chaos indistinct, la petite lumière qui, au plus fort de la ténèbre déserte, est toujours là, et qui témoigne que le néant absolu est une notion fausse. Le taoïste apprend à détecter cette petite lumière, à s’y accrocher et à la développer pp. 277-278.

Son cheminement est sans fin et sans but et lui laisse toute disponibilité pour épouser et aimer le cours naturel des choses sans les plier à des idées ou normes préétablies ou à réaliser. Chacune de ses activités est un dao, un cheminement dans la vie et vers la vie, se ressoudant à la générativité incessante des forces de l’univers p. 278.

Conclusion

Le Tao est le contraire d’une tautologie (…) Il est transit, passage, l’Autre qui est soi-même. Le Tao est la Grande image sans image, ce qui permet de multiplier les images et de ne se laisser prendre par aucune fascination, racisme, fanatisme religieux. Ne t’arrêt nulle part, dit-il, « va toujours au-delà », « tu n’auras jamais rien conquis » qui te permette d’imposer ou même de dire (tout au plus d’évoquer) quoi que ce soit pp. 279-280.

Le taoïsme a mis en forme et donné une valeur éminente et même mystique, à l’écoute intérieure du corps (…) p. 280.

Le taoïsme a été le lieu privilégié du déploiement de l’imaginaire p. 281.

La place que fait le taoïsme à l’aléatoire, à l’indéterminé, au chaos originel, d’où tout renouveau peut surgir, à la fluidité, à la dynamique, ainsi qu’à l’auto-organisation spontanée du monde, devance de plusieurs siècles les réflexions de penseurs comme E. Morin ou H. Atlan, pour ne citer qu’eux, qui (…) retrouvent les mêmes vérités de base p. 284.

« Tout se passe, écrit H. Atlan, comme si, en réfléchissant aux derniers développements de la pensée occidentale, on retrouvait une vieille sagesse qu’on aurait perdue et qu’on reformulerait aujourd’hui différemment » p. 286.

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