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Être tai chi : tel est l’objectif du tai chi chuan

Être tai chi - Style Chen - Eric Caulier

Être tai chi, c’est être fluide dans ses gestes, dans ses pensées et dans sa manière d’entrer en relation avec le monde.

Reverticalistion

Pratiquer du tai chi chuan (boxe du faîte suprême), c’est incorporer le tai chi. Les différentes formes du tai chi chuan développent en nous le faîte suprême. Les divers principes de cet art nous aident à réaliser l’union des complémentaires opposés. L’objectif du tai chi chuan n’est pas de posséder le grand ultime, mais d’être tai chi. Le pratiquant découvre et habite sa terre/corps et son ciel/esprit. De cette manière, il participe à l’harmonie du Ciel et de la Terre. C’est le rôle de l’être humain reverticalisé dans nombre de traditions.

Un travail sur le souffle

Le tai chi chuan est plus qu’une méthode de transformation. Il est une Voie de transmutation intérieure. Il est l’essence de toutes les transformaions extérieures. C’est un travail sur l’énergie, souffle animant le microcosme et le macrocosme. Le souffle constitue un lien subtil entre le visible et l’invisible. Les ressorts les plus profonds du travail intérieur du tai chi chuan ne peuvent être appréhendés, selon mon expérience, qu’en référence au chamanisme et à l’alchimie. En effet, les taoïstes chinois, créateurs du taijiquan sont les héritiers des chamans. Ils ont, en outre, incorporé dans leur création, le joyau de leurs pratiques : le neidan/alchimie intérieure.

En tai chi chuan, le travail sur l’énergie animant toute vie est d’origine chamanique.  Les noms des postures sont en rapport avec les éléments et les animaux. La découverte et la mobilisation de cette énergie est réalisée avec des techniques utilisant des images intériorisées dans des états de conscience élargis. Une pratique approfondie du tai chi chuan passe par une meilleure connaissance et maîtrise de soi. Ce type de pratique nous amène au plus profond de nous-même, dans nos champs de cinabre. Nous y vivons une réconciliation et une alliance de nos complémentaires opposés. Il s’agit d’un véritable mariage alchimique du yang/soufre et yin/mercure. C’est ainsi que l’on apprend à être tai chi.

Être tai chi, c’est être entier

Le taijiquan agit au niveau de l’être humain entier : corps, souffle et esprit.  Son étude et son enseignement s’attachent par conséquent aux formes, aux processus et aux paradigmes. Cette démarche concerne à la fois les matières, les représentations et les paradigmes.

Notre École puise ses sources dans la tradition la plus originelle aussi bien que dans les approches scientifiques les plus novatrices. Nous nous écartons du traditionnalisme. Nous évitons également les syncrétismes new-age. Nos références sont à la fois traditionnelles et académiques. Cette approche est, par conséquent, parfois complexe. Dans les labyrinthes, les raccourcis sont, en fait, les plus sûrs moyens de tomber dans la fosse aux crocodiles.

Le chamanisme intéresse des chercheurs de diverses disciplines. Par exemple, le Professeur Decharneux utilise les études sur la transe de l’anthropologue africaniste Luc de Heusch afin d’éclairer de façon inédite l’Apocalypse de Jean.
En ce qui concerne l’alchimie, Carl Gustav Jung dans son autobiographie écrit : C’est (…) à travers la compréhension de la symbolique alchimique que je parvins à la notion-clé de toute ma psychologie, la notion du processus d’individuation.

Édito revu Espace Taiji n° 65

Crédit photo : Almereca