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Taijiquan par la porte Ouest – Rick Barrett

Taijiquan par la porte Ouest est un livre de Rick Barrett. Il est sorti en 2006 aux éditions Blue Snake Books (Taijiquan Through the Western Gate). Ce livre utilise en fait des recherches scientifiques contemporaines pour éclairer la pratique traditionnelle du taijiquan. Il démystifie ainsi les « secrets » de la pratique interne. Il les rend compréhensibles et accessibles. Nombre de mes recherches m’avaient conduit sur les mêmes pistes. La tenségrité m’apparaissait effectivement comme un modèle pertinent. De telles approches combinant le meilleur de l’Orient et l’excellence de l’Occident sont parmi les plus prometteuses.

taijquan par la porte Ouest

Une barrière cachée

L’excellence dans tous les domaines requiert quelque chose de spécial difficilement perceptible, même pour les spécialistes. Quelques rares individus y parviennent par eux-mêmes. Les autres ont besoin d’être guidés. Taijiquan par la porte Ouest est plus qu’une étude du taijiquan. C’est une véritable exploration des liens corps-esprit et de leur interface : l’imagination active.

La porte Ouest est à la fois la barrière et le portail de la connaissance et de la compréhension. La plupart ne réalise pas la magnificence du jardin qui se trouve derrière. Le passage de la porte nécessite de dépasser le niveau intellectuel. Sans expérience directe, la porte reste fermée.

Intégration

Taijiquan par la porte Ouest nous montre comment développer le gongfu. Pourquoi dépenser autant de temps et d’effort pour atteindre la maîtrise/ le gongfu ? Parce que l’engagement dans une pratique saine entraîne une meilleure compréhension de soi et du monde. Il ne s’agit pas de quelques trucs simples pour impressionner ses voisins. On acquiert une certaine forme de sagesse. Le gongfu prend du temps parce que c’est une reconfiguration cellulaire au niveau des modes opératoires corps/esprit.

Taijiquan par la porte Ouest

L’un des points clés du taoïsme est l’alignement de l’adepte avec les forces primordiales de la nature. C’est très différent de l’attitude qui consiste à dominer la nature. Cette vertu s’exprime dans le wu wei. Elle consiste à « suivre le flux ».

Lorsque les différentes énergies du corps fonctionnent ensemble à un haut niveau d’intégration harmonieuse – telle l’expérience des sportifs « dans la Zone » – on parle de cohérence énergétique. Certaines pratiques travaillent la-dessus. Le taijiquan en fait son axe central. Le qi peut être considéré comme le lien manquant. Le souffle devient alors l’interface entre les niveaux de la conception (esprit) et les niveaux de l’action (corps).

La cohérence signifie que les choses fonctionnent ensemble de manière claire et évidente. La cohérence énergétique est atteinte lorsque le système entier est « en phase » et pulse comme une unité. Les systèmes cohérents ne gaspillent pas d’énergie dans les conflits internes. Cela se traduit par une meilleure santé, moins de douleur et une efficacité accrue.

Les mouvements du taijiquan et du qigong sont hautement cohérents. Le pratiquant expérimente un état d’unité. L’entrée dans la zone s’effectue grâce à une parfaite synergie corps/esprit. De nouvelles capacités émergent alors spontanément. Les barrières et les divisions sont transcendées. Il suffit finalement de (laisser) faire tout simplement.

Rick Barrett souligne le paradoxe suivant. L’analyse est essentielle à l’apprentissage. La totalité est essentielle à l’action.

Développer la cohérence énergétique

La puissance effective du taijiquan s’acquiert par l’augmentation de la cohérence énergétique. Elle se travaille via divers « tests » avec partenaire. Ce type de tests réclame une longue pratique orientée vers une utilisation qualitative du système musculaire. Ceux qui ne les pratiquent pas sont fréquemment choqués. Ils découvrent en effet que des postures répétées des milliers de fois sont faibles parce qu’elles manquent de cohérence.

Le taijquan ainsi que les autres arts martiaux internes donnent accès à cette cohérence par un usage conscient du système des tissus conjonctifs. L’intention et la conscience sont les ingrédients cachés pour la réussie de ces exercices. Diverses recherches à Harvard et ailleurs ont montré que le système des tissus conjonctifs est le système unifiant pour le corps entier. La véritable force interne est développée via ce système (tendons, fascias, membranes).

Rick Barret se réfère à la tenségrité (tension et intégrité), concept inventé par l’architecte Buckminster Fuller. L’énergie et l’information sont distribuées au travers de la structure entière (très légère et très résistante). Les artistes martiaux ainsi que les sportifs exceptionnels utilisent ce principe depuis toujours. La maîtrise vient lorsque l’on sait comment y accéder. Le taijiquan nous donne un modèle et un système d’entraînement pour le réaliser. Les formes du taijiquan se transforment ainsi en une matrice vivante.

Retrouvez ce livre ici