« Donner un coup de talon » est l’un des mouvements les plus exigeants de la série. Il nécessite – et procure avec la pratique – un bon équilibre. Les exigences – ainsi que les apports -sont également plus importantes au niveau de la souplesse et de la tonicité. Donner un coup de talon à hauteur de la taille sans compenser demande beaucoup de pratique. La bonne technique permet de transposer les qualités passives en qualités actives.
Donner un coup de talon : introduction
La phase préliminaire est essentielle pour construire les appuis extérieurs et intérieurs. Les deux paumes sont à hauteur du centre de gravité et tournées vers la terre. Le corps se rassemble en bas et en haut. Lors de cette phase, l’étudiant recherche son axe vertical. Suit alors une phase de montée en conservant l’ancrage et l’étirement de la colonne vertébrale. Le pratiquant ouvre de manière synchronisée les coudes et les genoux. Lors de la phase finale, il tend simultanément les bras, les jambes (y compris la jambe d’appui) et la colonne vertébrale. Il s’étend en fait dans toutes les directions. Le mouvement de rassemblement de différentes parties du corps s’effectue également de manière synchrone.
Donner un coup de talon : compléments
Le tai chi chuan privilégie l’équilibre même si cela réduit l’amplitude des mouvements. Dans certains arts martiaux, les coups de pieds se donnent en avançant le bassin et/ou en montant une hanche. Ce n’est pas le cas en tai chi chuan. On peut voir certaines vidéos de compétiteurs en tai chi qui lèvent la jambe très haut. Celle-ci est complément tendue. Cette recherche du spectaculaire contredit les principes de l’art. En effet, il n’y a jamais de membres complètement fléchis ou complètement tendus. Dans la partie yang (blanche) du symbole taiji, il y une petite tâche yin (noire). Les textes classiques disent en outre : « Si tu es face à un adversaire d’un niveau égal ou supérieur au tien et que tu lèves la jambe plus haut que le niveau de la taille, tu perds le combat/la vie ».
Nombre de pratiquants, au moment de l’extension de la jambe, se tassent. Dans les arts externes, la force est souvent unidirectionnelle. Par contre, dans les arts internes la force est multi-directionnelle. Elle s’exprime dans les six directions en même temps : bas/haut, arrière/avant et gauche/droite. Ces exigences biomécaniques sont le fondement pour étendre l’énergie de la sphère dans toutes les directions (grande circulation). L’adepte peut ainsi étendre le champ de sa conscience à volonté.
Mickaël Tits est ingénieur. Il effectue sa thèse de doctorat à Numédiart sur le geste expert. Il analyse les mouvements de la forme des 10 Yang avec les nouvelles technologies. Ensemble, nous avons choisi et travaillé sur le coup de talon pour établir des algorithmes.
Crédit photo : Almereca