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Écologie des transes – Nancy Midol (Téraèdre, 2010)

Écologie  des transes traverse les disciplines. Nancy Midol met en évidence ce qui relie les transes à leur contexte et aux situations qui les engendrent. Initiée au chamanisme lors de ses nombreux voyages d’études, elle est également praticienne d’hypnose depuis plusieurs décennies. Nancy Midol a dirigé ma thèse en anthropologie. Nombre de nos échanges se faisaient dans des états de conscience élargis. Ce  petit opus représente un ouvrage majeur sur la question des transes.

Écologie des transes - Nancy Midol

 

Dans un phénomène de transe, le corps n’est jamais isolé, il ne s’agit jamais d’un simple agencement physiologique, mais d’un rapport qui lie l’intériorité d’un soi multiple avec une extériorité complexe. (…) Il s’agit d’un continuum entre l’intériorité la plus enfouie et l’extériorité d’un environnement d’où peut surgir l’imprévu p. 15.

(…) ce fonctionnement adaptatif qui mobilise le corps de façon extraordinaire (…) l’hypothèse d’une soudaine prépondérance de l’hémisphère droit qui donnerait cette étrange intemporalité de ces brèves secondes ou plutôt d’un fonctionnement inter-hémisphérique anormalement élevé p. 16.

Introduire l’étude des transes par une approche écologique

Défendre une vision écologique des transes, c’est envisager le monde selon un mode holistique, comme un ensemble d’interactions qui ne sauraient être appréhendées autrement que dans leur niche écologique p. 19.

La transe pour ne pas devenir fou

Peut-on penser que la transe, comme le jeu, serait une ressource adaptative en première fonction, une manière de ne pas se laisser concasser par les forces du chaos qui sont toujours là, menaçant l’intégrité de chacun p. 28.

Il apparaît aussi que la transe comme rituel a une fonction sociale d’adaptation à un milieu anxiogène. (…) Il s’agirait alors d’une nouvelle stratégie d’adaptation pour s’assurer la maîtrise du passage d’un certain chaos à un nouvel ordre social (…) p. 29.

Rejouer le chaos, réinstaller de l’ordre

(…) un cercle tracé autour d’un centre fragile et incertain qui donne corps à un espace organisé à l’intérieur, de sorte que les forces du chaos sont tenues à l’extérieur autant qu’il est possible, et l’espace intérieur protège les forces germinatives d’une tâche à remplir, d’une oeuvre à faire p. 33.

Le phénomène des transes comme celui du jeu appartient à « la magie de la vie imaginative et créative » (…) cette tâche interminable qui consiste à maintenir, à la fois séparées et reliées l’une à l’autre, réalité intérieure et réalité extérieure. C’est là que nous situons la problématique de la transe (…) p. 35.

La nature en soi, la nature hors de soi

La magnificence du corps des « primitifs » tient au fait qu’il n’existe pas autrement que relié, porteur d’appartenances spécifiques qui apparaissent dans des séquences d’interactions (traces des rapports avec les ancêtres, la nature, le monde vivant, le totem) et qui s’enrichit des marques culturelles qui le façonnent et le transforment. (…) Pour ces peuples, la matière est animée par sa structure même (…) pp. 45-46.

Le chaman, comme terme générique de médiateur, englobe celui de druide et celui de clerc, c’est-à-dire l’érudit, le savant, et donc le chef dont la fonction est d’organiser un univers mental cohérent, capable d’agréger une communauté par le partage de symboles, de techniques et de lois p. 53-54.

L’usage des transes met le monde en mouvement, transforme les communications, produit de l’imagination, de l’imaginaire et du savoir, de l’ordre et du désordre ; les transes transportent. Le phénomène du transir apparaît sous de multiples aspects, spontané ou organisé, au coeur d’une complexité qu’aucune discipline scientifique n’épuise p. 57.

Regards croisés sur les transes contemporaines

Car les mystiques s’attaquent en fait à l’ordre établi, mais en transformant d’abord leur intériorité. Cette dimension de la dissidence par la transe (…) p. 70.

La capacité imaginante s’inscrit dans un espace temps sans frontières p. 74.

On peut d’ailleurs rappeler que dans les sociétés traditionnelles on ne sépare pas les domaines thérapeutiques et spirituels p. 83

L’induction se fait de multiples manières, à partir de la focalisation sur un point visuel, un son ou une sensation  (…) Autre technique d’induction, celle du « souffle » ou de la respiration, utilisée par toutes les spiritualités méditatives, est très efficace p. 86.

Les méditations orientales qui recherchent la centration sur soi en même temps que l’ouverture à « l’existant » ont développé de multiples techniques, de l’immobilité totale aux exercices et danses les plus divers. Elles se sont développées à partir du chamanisme (…) Dans les taoïstes, les plus vieux que l’on connaisse, le philosophe pense par lui-même et théorise sa propre expérience, développant l’art de la décrire avec une grande précision (…) p. 93.

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